« Je crois en l'Esprit Saint. »

On parlait plus volontiers autrefois du « Saint-Esprit », on semble préférer aujourd'hui l'expression « Esprit Saint ». Pourquoi ? Sans doute pour ne pas en faire un saint de plus, entre « Saint-Antoine » et « Sainte-Rita »... L'Esprit Saint, en effet, domine de très haut toutes les créatures, comme nous le verrons dans les prochains articles.
Il n'est pas non plus un accessoire au milieu de tout ce qui semble avoir été accumulé à la fin du texte du Credo : les prophètes, l'Eglise, le baptême, la résurrection, la vie du monde futur, etc. Notre Profession de foi reste bien trinitaire, dans ce qu'elle confesse du Père, puis du Fils, enfin du Saint-Esprit dont toute la fin du Credo explicite l'action : si elle évoque les prophètes, c'est parce qu'ils sont inspirés par l'Esprit Saint, l'Eglise, parce que l'Esprit Saint est comme son ciment, les sacrements, parce que c'est l'Esprit Saint qui en est l'agent, la résurrection, parce que c'est encore lui qui est le souffle qui nous redonnera vie, etc.
Le mot « Esprit » lui-même est encore une source d'ambiguïté, heureusement encore que nous ne le traitons pas de « fantôme », comme les Anglais pour lesquels il est « the Holy Ghost » ! Il ne s'agit pas bien sûr, d'un esprit qui hanterait le monde, pas plus de l'esprit de Jésus-Christ, ni de celui de l'évangile, comme on parle de l'esprit de la Constitution. Certains ont voulu en faire la relation entre le Père et le Fils Eternel, mais une relation n'a jamais été une personne ! Dire qu'il est l'Amour au sein de la Trinité ne convient pas d'avantage, car on peut en dire autant de chacune des Personnes divines...
Ainsi, chaque fois qu'on a voulu le définir, il s'est comme échappé à la compréhension de ceux qui voulaient le saisir, et c'est bien en cela qu'il est « Esprit ».
La meilleure image reste encore celle que nous offre le Christ quand il explique au vieux Nicodème le mystère de la Résurrection : « Le vent souffle où il veut : tu entends le bruit qu'il fait, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né du souffle de l'Esprit. » (Jn III 8).
La traduction du mot « esprit » en hébreu (rouah) , en grec (πνευμα), en latin (spiritus) désigne aussi le souffle, le vent. Nous verrons comment cette réalité traverse toute l'Ecriture et nous fait percevoir quelque chose de l'identité de l'Esprit Saint à travers ce que nous voyons de son activité ... tout comme le vent.

 

Le souffle (ou le vent), nous l'avons vu, semble être une image adéquate pour évoquer ce qu'est l'Esprit Saint.
Son usage est, en tout cas, consacré par son emploi régulier au fil des pages de la Sainte Ecriture. Il est déjà amusant de voir que ce mot, masculin en latin ou en français, est féminin en hébreu et neutre en grec ! Bien avant qu'il ne nous soit révélé par Jésus-Christ (les Juifs ne le connaissent pas comme personne divine), il apparaît dès le deuxième verset de la Bible où « l'Esprit planait sur les eaux » de la Création, traduit par l'antique bible grecque par « souffle de Dieu ». Un peu plus tard, c'est en insufflant son souffle de vie dans ses narines, que Dieu crée l'être humain. De la même façon, le Christ ressuscité recrée la nouvelle humanité en soufflant sur ses apôtres au soir de Pâques, lorsqu'il leur dit : « recevez l'Esprit Saint ».

Le Seigneur Jésus emploie une autre image en nous promettant le « Paraclet » (Jn XIV 16, 26, XV 26, XVII 7), mot grec qui signifie « celui qui console », ou « celui qui intercède », l'« avocat ». On pourrait même traduire par le terme juridique d' « avoué ». L'avoué avait pour office (la profession a récemment disparu ...) de représenter les justiciables, d'être à leurs côtés, comme l'Esprit Saint désormais envoyé à l'humanité pour représenter sa dignité restaurée et maintenir ses droits. Ecoutons Jésus nous révéler l'existence de cet Esprit distinct de lui et du Père mais qui partage leur éternité et leur puissance :
"Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet afin qu'il demeure éternellement avec vous". (Jn XIV 16), "l'Esprit de vérité, le monde ne le voit pas et ne le connaît pas, il sera en vous" (Jn XIV 17). « L'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous rappellera tout ce que je vous ai dit, il me glorifiera" (Jn XIV 26, XVI 14).

L'Esprit Saint est donc celui qui habitera désormais et pour toujours l'humanité rachetée par le Christ et actualisera dans l'histoire de l'Eglise l'enseignement du Seigneur, il est encore celui qui animera la louange et la prière qui monte vers Jésus-Christ, qui lui semble inséparable. Contrairement à la tentative de mystiques mal inspirés - au cours du Moyen-Age notamment - à l' « âge du Père » n'a pas succédé celui du Fils puis celui de l'Esprit Saint : c'est la Trinité tout entière qui est à l'œuvre quand l'Esprit nous ouvre au Verbe éternel, selon la volonté du Père.