Bénédiction du nouvel orgue

 

En l'absence de Monseigneur Molinas, Vicaire général, empêché, l'orgue de notre église a été bénit le dimanche 13 juillet 2014 par notre curé. Il était tenu par le jeune Emmanuel Arakélian.

L’orgue

« On estimera hautement, dans l’Eglise latine, l’orgue à tuyaux, comme l’instrument traditionnel dont le son peut ajouter un éclat admirable aux cérémonies de l’Eglise et élever puissamment les âmes vers Dieu et le ciel. » affirme le Concile Vatican II (constitution Sacrosanctum concilium, §12).

Le rituel de sa bénédiction

Il est essentiellement composé d’une prière puis d’un saisissant dialogue du célébrant avec l’instrument :

« Seigneur notre Dieu, beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, ta sagesse garde l’univers dans l’harmonie, ta grâce donne à la terre sa beauté. A toi la louange incessante des chœurs des anges qui contemplent la splendeur de ta face. A toi le chant des étoiles dans leur course régulière à travers l’univers. A toi l’acclamation unanime des rachetés qui te chantent, Dieu saint, dans leur cœur, de leurs lèvres, par leur vie. Nous aussi, ton peuple saint rassemblé dans cette église, nous voulons joindre nos voix à ce concert universel, et pour que notre chant qui monte vers toi soit plus digne de ta gloire, nous te demandons de bénir cet orgue pour qu’il accompagne de son harmonie nos louanges et nos prières, et que nos cœurs te chantent dans l’Esprit Saint. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. »      

Le célébrant encense ensuite l’instrument puis l’interpelle à huit reprises : il le « réveille » pour ainsi dire avec la première invocation : «  Eveille-toi, orgue, instrument sacré,entonne la louange de Dieu, notre Créateur et notre Père » (cf psaumes 56, 107), puis, en s’adressant chaque fois à lui de la même façon : « Orgue, instrument sacré », il décline sa vocation liturgique. « Célèbre Jésus , notre Seigneur, mort et ressuscité pour nous », « chante l’Esprit Saint qui anime nos vies du souffle de Dieu », « élève nos chants  et nos supplications vers Marie, la Mère de Jésus », « fais entrer l’assemblée  des fidèles dans l’action de grâce du Christ », « apporte le réconfort de la foi à ceux qui sont dans la peine », « soutiens la prière des chrétiens », « proclame gloire au Père, au Fils, et au Saint Esprit ». A chaque interpellation et en rapport avec elle, l’orgue réagit par une improvisation. La dernière conduit les fidèles à s’associer par le chant à son hymne de louange ; ce sera, pour nous, le refrain : «  Amen, amen, gloire et louange à notre Dieu ! »

L’origine de ce rituel

A en croire l’organiste de Saint-Louis des Invalides, Bernard Gavoty (1908-1981), accessoirement viticulteur à Campdumy (Var), cette bénédiction proviendrait d’un rituel gallican du XVIIIème siècle que personne d’autre n’a jamais retrouvé… Il la transmettra au Père Lucien Aumont, de Saint-Séverin qui la confiera à l’organiste Claude Duchesneau qui l’adapta ; de là elle fut envoyée par le Centre National de Pastorale Liturgique à Rome qui l’intégra au nouveau rituel des bénédictions promulgué en 1984.

Le sens de la bénédiction

Dans la Bible, une bénédiction est d’abord un acte de Dieu. Dieu veut le bien pour l’homme. Cette bénédiction s’enracine dans la Genèse où la Création est faite pour le bonheur de l’humanité. Elle s’achève au "dernier élément" de la Création : le 8e jour des Évangiles, à la Résurrection, qui, inaugurée par le Christ, est promise à toute chair. 

La bénédiction accomplie par les hommes est une reconnaissance : lorsque l’Eglise bénit, elle rend grâce pour les dons de Dieu et affirme sa présence à l’œuvre dans notre monde. L’eucharistie est l’action de grâce par excellence du Christ au Père et, par suite de l’Eglise au Dieu qui l’a bénie dans le Christ, elle est donc le développement parfait de toute bénédiction.

La bénédiction ne peut donc pas être réduite à la sacralisation magique d’objets. Comme nous le rappelle la seconde lecture de ce quinzième dimanche, c’est le cosmos tout entier, c’est l’existence de l’homme dans tous ses états (travaillant, priant, dans son lieu de vie ou de loisir…) qui peut et doit recevoir de Dieu la plénitude de son amour. Dieu s’intéresse à l’homme jusque dans les moments prétendus insignifiants. Tout de l'homme intéresse Dieu ! Tout le créé est donc appelé à concourir au projet de Dieu sur nous : voilà la vocation de toute chose et de tout être, voilà le sens de la bénédiction.

C’est de façon symbolique et pédagogique que l’orgue se tait jusqu’à ce qu’il soit bénit* (les chants du début de la messe durant laquelle l'orgue est bénit sont donc a capella), mais il n’y a rien là d’absolu : nous l’avions bien utilisé avant… .

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* l’adjectif prend un -t (bénit-e) lorsqu’il se rapporte à une bénédiction rituelle.