« Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ »

C'est le deuxième chapitre du Credo qui commence avec la confession relative à Dieu le Fils.

 

« Je crois en un seul Seigneur » est une reprise de la première phrase : « Je crois en un seul Dieu ». Ici est réaffirmée l'unicité de Dieu : il n'y a pas un Dieu et un Seigneur, mais bien un seul et unique Dieu qui est le seul et unique Seigneur, et quand je parle de Jésus, je parle bien de ce Dieu unique. Attention à notre tendance un peu cartésienne (et peut-être française !) qui distingue si bien qu'elle peut parfois perdre de vue l'unité.

 

Le mot « Seigneur » (en grec : Kyrios, celui de notre « Kyrie eleison ») désigne en effet Dieu, c'est la traduction du nom imprononçable YHWH sous lequel Dieu s'est révélé à Moïse au buisson ardent.
Mais Jésus s'approprie ce titre avec raison : « Vous m'appelez le Maître et le Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. » (Jn XIII 13). Très souvent, dans l'évangile les personnes s'adressent à lui en reprenant ce titre, qui devient adoration dans la bouche des apôtres : Thomas découvrant le Christ ressuscité s'écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (invocation que saint Pie X recommandait au moment de l'élévation de l'hostie et du calice à la messe), ce titre prend encore une connotation d'amour et d'affection : « C'est le Seigneur ! » disent les apôtres qui reconnaissent le Ressuscité sur la rive du lac.

 

Et dès le commencement de l'histoire chrétienne, l'homme a reconnu à Jésus sa divinité et sa seigneurie sur toute chose : « L’Église croit que la clé, le centre et la fin de toute histoire humaine se trouve en son Seigneur et Maître » (concile Vatican II).
Ce titre de « Seigneur » revient encore régulièrement au cours de la liturgie : « le Seigneur soit avec vous », « ... par Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu ».
C'est lui qui clôt la Bible : « Amen, viens Seigneur Jésus ! La grâce du Seigneur Jésus soit avec tous ! », dans un cri confiant et plein d'espérance qui est une protestation d'obéissance et de soumission, mais aussi une marque d'adoration, et plus encore peut-être une preuve d'amour filial.

 

L'appellation « Seigneur », nous invitait à reconnaître la divinité et la domination universelle de celui qui porta le nom humain de « Jésus ». Jésus est le prénom de l'enfant que la Vierge Marie mit au monde et qui est Dieu fait homme. Il fait partie des prénoms en cours à cette époque en Palestine et l'histoire en a retenu d'autres. Par respect, il s'est aujourd'hui perdu sauf dans les régions hispanophones où il n'est pas rare...
Comme beaucoup de noms, il porte une signification explicitée par l'ange qui vient demander à Joseph de le lui donner : « elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt I 21), le même ordre avait été donné à Marie : « Tu lui donneras le nom de Jésus » (Lc I 31). « Jésus » signifie effectivement « Le Seigneur sauve ». En proclamant le nom de Jésus, je reconnais implicitement qu'il est aussi mon Sauveur. Saint Bernardin de Sienne (1380-1444) développa ainsi la dévotion au saint nom de Jésus, en répandant le monogramme IHS (Jésus Sauveur des Hommes) qui en est comme l'explicitation. Rappelons-nous encore saint Paul : « C'est pourquoi Dieu le Père l'a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu'au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l'abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père ».
« Christ » est un adjectif qui lui a été adjoint, devenu ensuite un substantif : « le Christ », et qui signifie « oint ». L'onction d'huile est le signe de la consécration des rois, des prophètes et des prêtres. Jésus n'en a pas eu besoin, « oint » qu'il était de l'Esprit-Saint. Il est de manière plénière et définitive Le prêtre, Le prophète, Le roi duquel les prêtres, les prophètes et les détenteurs de l'autorité publique tiennent leur pouvoir et dont il sont comme les lieutenants. Le fidèle de Jésus, par le baptême (où il a été marqué du « saint chrême ») bénéficie de cette onction et mérite le nom de « chrétien » (C'est à Antioche qu'ils reçurent pour la première fois le nom de « chrétiens » Actes XI 26). Le nom de « Jésus » peut n'évoquer qu'un homme qui a porté ce nom, dire qu'il est Christ, c'est reconnaître qu'il est le Messie promis qui a reçu la plénitude de l'Esprit-Saint ; « Jésus-Christ », avec le trait d'union est donc devenu comme son nom propre au point que l'historien païen Suétone peut écrire dés l'an 49 que « les Juifs se soulevaient continuellement à l'instigation d'un certain Chrestos » (Suétone, Claude, 25,11). Est-ce à cause de cela que nos frères protestants gardent la manie de dire « Christ » là où les catholiques disent « le Christ » ?