Il y a un temps pour tout

Pentecote 2018Le « Temps ordinaire » qui commence après la solennité de la Pentecôte, couronnement du Temps pascal, selon le calendrier liturgique, s’ouvre, à l’Office des lectures, par le beau texte de l’Ecclésiaste : « Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel : un temps pour donner la vie, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher. Un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour détruire et un temps pour construire. Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour gémir, et un temps pour danser. Un temps pour jeter des pierres, et un temps pour les amasser ; un temps pour s’étreindre, et un temps pour s’abstenir. Un temps pour chercher, et un temps pour perdre ; un temps pour garder, et un temps pour jeter. Un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ; un temps pour se taire, et un temps pour parler. Un temps pour aimer, et un temps pour ne pas aimer ; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix. » Notre existence n’est-elle pas un assemblage de moments contrastés, d’activités parfois opposées, de sentiments et d’état d’âme successifs qui couvrent une gamme des plus variées ?

 Au temps où l’homme vivait au rythme de la nature était plus perceptible, avec la récurrence des saisons et des travaux agricoles, cette alternance ordonnancée par le Créateur. La Bible y voit effectivement un ordre qui est salutaire. Les moyens qui sont les nôtres aujourd’hui nous ont émancipés de cette cadence naturelle et nous permettent au gré de chacun de vivre en permanence dans un état d’esprit inquiet ou insouciant. Les esprits chagrins ont chaque jour motifs d’inquiétude, de peur, d’angoisse, de désespoir ou de révolte, quand d’autres s’offrent le luxe de vivre dans une fête permanente, quelle qu’en soit la nature. La succession des temps liturgiques nous rappelle à l’équilibre salutaire, celui dont témoignait le jeune saint Dominique Savio auquel son maître saint Jean Bosco demandait sur la cour de l’école : « Si le Christ revenait à l’instant que ferais-tu ? » et qui répondait : « Je continuerais de jouer », quand ses camarades pensaient qui à fuir, qui à se mettre en prière… Il y a un temps pour tout sous le ciel, chacun est bon car il porte en lui-même une grâce particulière et permet sans inquiétude indiscrète de prendre sa part à la joie et à la peine du monde, au mystère de la Croix et à celui de la Résurrection.